Dans un monde où l’évolution de l’environnement et l’impact de l’Homme est discuté, où nos forêts et nos terres brûlent, où le réchauffement climatique fait rage, où la pollution et le pillage de nos ressources naturelles sont quotidiennes, la seule innovation valable n’est-elle pas celle au service de l’environnement ? CLS et ses experts en data Terre, libèrent le pouvoir de la donnée et proposent un numérique au service de notre Planète.
Philippe Roques, Directeur Général Adjoint en charge du Numérique et des Opérations à CLS nous éclaire sur ces innovations qui se mettent au service de l’environnement.
En quoi la connectivité bas débit est-elle stratégique pour la Planète ?
Avant de vous parler technique je souhaiterais vous rappeler quelques faits qui sont nos moteurs à CLS :
Avez-vous lu La Jungle des Océans de Ian Urbina ? C’est une enquête explosive sur la dernière frontière sauvage de la Planète : nos océans. Un journaliste du New York Times y raconte après 40
mois d’enquête comment nos océans sont au quotidien pillés et d’une manière ultra-violente où détresse, illégalité et criminalité sont légions. Ce livre est extraordinaire par son récit et par l’électrochoc qu’il peut provoquer chez ses lecteurs.
D’une part, il nous apprend que 20% des poissons sont pêchés illégalement et que la plupart des stocks de poissons du monde sont en crise du fait de la surpêche. Il nous rappelle qu’en 2050, d’après certaines études, les poissons seront inférieurs en poids aux déchets plastiques dans l’océan.
D’autre part, les mers sont pillées et vidées car les gouvernements n’ont pas les moyens de les protéger. Le WWF (World Wildlife Fund), première organisation mondiale de protection de l’environnement, nous informe dans son dernier rapport qu’en 40 ans, notre planète a perdu 60 % des populations d’animaux sauvages.
Face à cette extinction de masse il faut réagir ! En effet, les chiffres sur les pollutions sont tout aussi alarmants, je ne parle même pas des forêts, en 2018 près de 12 millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu selon le World Resources Institute, c’est l’équivalent de 86% de la forêt française qui disparaît chaque année et ces chiffres ont été publiés avant les incendies qui ont ravagé le Brésil et l’Australie.
Ces quelques exemples ne sont qu’un extrait des pressions qui pèsent sur notre Planète. Chaque jour, quand nous développons des solutions au service de l’environnement à CLS, nous avons toutes ces images et ces chiffres en tête c’est un véritable moteur. La population mondiale croit, le monde évolue, le numérique et ses innovations doivent avant tout être utiles ! Aujourd’hui utile cela veut dire gérer l’urgence : l’urgence de réagir, l’urgence d’étudier, de comprendre, d’observer, de préparer le futur. Mais aussi de s’adapter pour relever les défis climatiques et environnementaux, d’évaluer l’impact sur notre Planète de nos activités industrielles et économiques et de faire de la Planète une planète durable.
Alors pour répondre à votre question, en quoi une connectivité bas débit est-elle stratégique pour notre planète ? Et la connectivité dont je vais vous parler s’appelle Kinéis. Et bien, ma réponse est qu’elle va nous permettre, en premier lieu, de suivre plus d’animaux. Aujourd’hui à CLS nous suivons plus de 8 000 spécimens chaque mois pour le compte de la communauté scientifique internationale. Demain, nous espérons en suivre des centaines de milliers.
La constellation Kinéis, 25 nanosatellites lancés en 2023, embarquera à son bord des charges utiles Argos dernières générations capables de localiser tout animal équipé d’une balise Argos. Méduse géante, lynx, coucou, aigle royal, rennes, koala, kangourou, tout animal pourra ainsi être étudié, compris, protégé. Cette constellation, à l’origine réservée aux applications environnementales, va permettre par sa diversification son extension.
En effet, ses performances seront démultipliées et les scientifiques auront à leur disposition une connectivité, bas débit, quasiment en temps réel, faible consommation, intelligente (le système permet la communication avec les balises). Et surtout ce système Kinéis et la technologie qu’il embarque Argos permettront de fabriquer des émetteurs miniatures autonomes (petite batterie ou panneaux solaires) – ce qui ne sera pas possible avec la 5G. Le système actuel compte 8 satellites, un réseau de plus de 60 antennes terrestres et un centre de traitement des données opérationnel 24h/24, 7jrs/7 et 365 jrs/an ! La plus petite balise ne pèse que 2g ! La connectivité bas débit Argos nous a déjà permis de réécrire l’histoire des migrations animales, j’espère qu’avec sa « version augmentée » proposée par Kinéis elle nous permettra d’éviter la sixième extinction de masse, voilà pourquoi la connectivité bas débit est stratégique pour la Planète.
Cette connectivité sera également capitale pour l’avenir des ressources marines et des pêcheries locales. Il y a trois ans nous avons recueilli le témoignage d’Abdoulaye Seck, Coordinateur du Conseil local de pêche artisanale de Dakar. Il nous racontait comment le réchauffement climatique et la surpêche poussaient les poissons toujours plus loin des côtes. Les pêcheurs sénégalais sont contraints de braver quotidiennement le danger pour faire vivre leur famille. Il peuvent partir à plus de 70Km du rivage, sur des pirogues en bois non pontées, équipées d’un seul petit moteur à hélice. Ils peuvent ainsi passer une semaine en mer récoltant le fruit d’un dur et dangereux labeur ! En effet, à 70 km des côtes, il n’y a plus de couverture GSM et les solutions satellites de suivi et de demande d’assistance sont soit trop chères soit non autonomes. La connectivité bas débit permettra d’équiper ces pêcheurs d’infortune d’une ligne de vie satellitaire abordable mais également de comprendre leur impact sur la faune marine.
Les possibilités pour cette connectivité sont infinies : suivi de nos ressources en eau et de leur qualité, agriculture raisonnée et durable, back up pour l’océanographie in situ autant d’applicatifs pro-planète à développer ou à renforcer !
Aujourd’hui la donnée est partout, comment lui donner du sens et la mettre au service de l’environnement ?
Effectivement, aujourd’hui, la donnée disponible est considérable. Rien que le programme européen Copernicus, un programme ambitieux d’observation de la Terre développé par l’Union Européenne, propose des millions de données : imagerie radar ou optique, données altimétriques (topographie des océans) ou encore données atmosphériques (qualité de l’air).
Si vous ajoutez à cela les missions commerciales, vous pouvez rapidement être noyé sous les données ou avoir des niveaux d’informations plus ou moins raffinés dans vos chaînes de traitements.
Le challenge autour de la donnée est donc stratégique et multiple. Il faut tout d’abord obtenir des « vraies données », j’entends des données justes, de qualité, intègres et intelligibles. Puis les combiner avec d’autres données pour leur donner sens et découvrir parfois une autre vérité.
Je vous donne un exemple : en termes de préservation du domaine maritime, quand vous souhaitez détecter des bateaux de pêche illégale, vous pouvez utiliser une image radar qui vous donnera la présence de tous les gros objets flottants sur une zone, qu’il fasse nuit, jour ou que le temps soit ensoleillé ou nuageux !
Si vous corrélez cette information avec les positions AIS des navires (système d’identification automatique) vous pouvez identifier les bateaux mais seuls les bateaux collaboratifs vous révéleront leur identité. En effet vous pouvez très bien éteindre votre émetteur AIS si cela vous arrange… Si vous additionnez les positions VMS (Système de surveillance et de collecte d’informations issues des navires de pêche), vous pouvez alors identifier l’ensemble des navires présents même les non collaboratifs… Vous pouvez également ajouter une couche d’image optique, ou de vidéo prise par drone vous permettant de détecter ou de confirmer d’autres activités illégales (transbordements douteux, bouées à poissons illicites, fermes aquacoles non déclarées, etc.). Ajoutez une couche de Machine Learning et de Deep Learning pour automatiser les détections et les situations et vous obtiendrez un arsenal redoutable pour lutter contre les crimes environnementaux !
Mais pour cela il faut maîtriser les technologies Big Data, déployer les infrastructures adéquates et les maintenir en opération. A CLS, nous maîtrisons plus de 900 serveurs, nous détenons le carnet de santé de la Planète dans notre data center qui rassemble plus de 3 000 TBytes de données environnementales. Il faut aussi développer toutes ces solutions avec un œil métier. On ne développe pas une application pour détecter des activités illégales en mer comme sur terre ! Les modes opératoires d’un pêcheur illégal ou d’un braconnier de bois précieux ou d’espèces menacées ne sont pas les mêmes et ces criminels n’évoluent pas dans les mêmes milieux. Toutes nos applications sont développées en étroite collaboration avec nos clients, et nos analystes sont tous issus des corps de la Marine ou d’organismes de droits maritimes ou terrestres.
Dernier challenge stratégique à relever dans ce combat écologique : une donnée de qualité, sensée, augmentée : AU BON MOMENT. La meilleure information est celle qui arrive à temps pour déclencher des opérations ! Comme on dit « rien ne sert d’arriver après la bataille »…
Encore un exemple concret : à CLS, nous travaillons pour l’Agence Européenne de Sécurité Maritime (EMSA), basée à Lisbonne. Après un passage satellite sur une zone d’intérêt, nous disposons de 20 minutes pour délivrer nos rapports de détection de pollution. Une chaîne de détection très rapide qui a permis de contribuer à la diminution par deux des pollutions sur nos eaux européennes en 10 ans ! Pour être efficace, à CLS, nous maintenons en conditions opérationnelles plus de 100 chaînes de traitement, le taux d’accès à nos solutions dépasse les 99,9% ! Nous sommes très fiers de maintenir une performance de très haut niveau avec des niveaux de sécurité élevés au service de notre Planète !
Finalement CLS c’est un peu le Docteur Q de l’environnement ?
(Rires) Oui un peu ..
Nous espérons que notre mission est de libérer le pouvoir de la donnée. Nous sommes un acteur du changement, notre ambition est de rendre la planète durable. Ce changement est capital pour les générations futures et pour nous même, vu le train où vont les choses… Nous sommes drivés par la maîtrise des nouvelles technologies.
Aujourd’hui : Big Data, IA, DTL, Blockchain. Demain : quantum computing ! Nous combinons différentes technologies pour les administrations et acteurs pro-planète. Nous proposons, aux quatre coins du monde des services intelligents, pertinents avec des usages qualifiés développés sur mesure et nous faisons cela depuis plus de 30 ans.