Comment surveiller les océans et les effets du réchauffement climatique ? Comment gérer au mieux nos ressources en eau douce ? Comment accompagner les pêcheurs locaux traditionnels dans une exploitation durable des ressources marines ? Ou encore comment sécuriser la route des skippers autour du monde ?
La réponse à ces questions viendra, en partie, de l’espace et plus particulièrement du satellite Sentinel-6A ! Placé en orbite le 21 Novembre depuis la base de Vandenberg en Californie par une fusée Falcon 9 de SpaceX, ce satellite apportera une contribution significative à tous ces domaines d’applications. Les données de ce satellite européen associées au savoir-faire des équipes scientifiques et opérationnelles de CLS, place l’espace au service de notre planète !
Dédié à la surveillance de la Terre et des océans, Sentinel-6A s’inscrit dans le programme Copernicus, initiative conjointe de l’Agence Spatiale Européenne et de la Commission Européenne. Ce programme est la réponse européenne aux besoins toujours grandissants en matière de gestion durable de l’environnement. Sentinel-6A appartient à une série de plusieurs satellites, chacun relevant d’une technique ou d’un objectif différent (Sentinel-1 embarque un radar à synthèse d’ouverture ; Sentinel-2 est dédié à l’imagerie optique et Sentinel-3 et 6 aux océans).
CLS, un acteur clé pour la planète aux côtés de Sentinel-6A
Dans l’aventure Sentinel-6A, CLS a été sélectionnée par l’ESA :
- en tant que responsable des chaines de traitement et centre de performance mission S-6 pour la partie topographie ;
- en tant que centre de traitement et d’archivage de la donnée de topographie pour les surfaces continentales ;
- en tant que responsable de la livraison des données altimétriques sur la plateforme d’accès aux données du Copernicus Marine Environment Monitoring Service (CMEMS), mission confiée par MERCATOR OCÉAN International.
Pour le compte du CNES, CLS réalise également des actions de recherche et de développement. Pour le compte d’Eumetsat et du CNES, CLS produit également des produits altimétriques de niveaux supérieurs.
A ce titre CLS a développé des chaines de traitement uniques capables de fournir des données aux scientifiques, climatologues, météorologues, océanographes, biologistes, hydrologues, du monde entier pour calculer le niveau des océans, des lacs et des fleuves.
Découvrir l’expertise en altimétrie de CLS
Les chaines de traitement de CLS bénéficient de près de 30 ans d’expertise en acquisition, traitement, calibration, validation et diffusion des données altimétriques (hauteur des océans, vents, vagues). En partant de cette donnée brute de topographie des océans, CLS élabore de nouvelles solutions multi-missions et multi-capteurs.
Ces produits livrent des informations capitales :
- le niveau des océans, le vent, les vagues aux climatologues, météorologues, océanographes… ;
- l’orientation et la force des courants, aux capitaines de navires ;
- le niveau des fleuves aux agences de l’eau ;
- l’épaisseur des glaces aux scientifiques ;
- la présence de poissons aux administrations des pêches ;
- les conditions physico-chimiques dans lesquelles évoluent les populations marines aux biologistes ;
- ou encore la présence d’icebergs menaçant les skippers aux organisateurs de courses autour du monde.
Fabien Lefèvre, responsable du Pôle Océan et Climat chez CLS, nous éclaire sur les enjeux portés par Sentinel-6A
Fabien Lefèvre, océanographe de formation travaille depuis plus de 20 ans sur ou à partir des données d’altimétrie. Après une dizaine d’années à avoir travailler sur la donnée pure, il s’est ensuite attelé à en tirer le meilleur parti, développant des solutions basées sur cette mesure.
Depuis un an il est à la tête de l’équipe « Océanographie et Climat » à CLS. Une équipe d’experts internationaux composée d’ingénieurs, de docteurs et de scientifiques.
Quels sont les enjeux portés par le satellite Sentinel-6A ?
« L’Europe finance des programmes pour mieux comprendre notre environnement depuis des décennies. La composante majeure est le satellite. Le programme spatial Copernicus a lancé une série de famille qui s’appelle les « Sentinels », classés en plusieurs catégories. Il s’agit de satellites opérationnels. La famille Sentinel-6 complète la série de satellites altimétriques qui existent depuis les années 90 et permet de mesurer le niveau des océans. La date clé dans l’histoire de l’océanographie spatiale est sans aucun doute : 1992, avec le tir du satellite Topex Poséidon embarquant à son bord le premier altimètre opérationnel. L’océanographie spatiale opérationnelle s’est mise en marche à ce moment-là et l’aventure éponyme a débuté pour CLS. »
Nous avons en effet, pris part, dès le début dans la conception et surtout dans le traitement des données altimétriques.
« Aujourd’hui, la mesure du niveau moyen de la mer que nous faisons, en partenariat avec le CNES et le LEGOS, à partir des satellites altimétriques représente un indicateur clé, irréfutable, du réchauffement climatique.
Cette mesure du niveau moyen de la mer est notamment utilisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cet indicateur est très régulièrement mentionné dans les rapports de ce groupe international visant à alerter politiques, industriels et citoyens sur l’importance de réagir. »
Quelles améliorations va apporter Sentinel-6A ?
« Il y en plusieurs à vrai dire. Son altimètre innovant associé à son radiomètre de dernière génération vont permettre de mieux de prendre en compte tous les paramètres apportant une précision chirurgicale quant à la mesure des variations de niveaux des océans, des lacs et des rivières.
De plus il va fonctionner en deux modes, un mode « basse résolution » et un mode « haute résolution » permettant ainsi au satellite d’effectuer des mesures beaucoup plus près des côtes.
Sentinel-6A va ainsi nous faire gagner en précision de la mesure mais va aussi améliorer l’étendue géographique des données en observant de nouveaux territoires.
A CLS, nous avons les infrastructures au sol et les équipes pour analyser ces données et calculer de façon extrêmement précise ce niveau moyen de la mer. »
Combien de personnes travaillent à CLS sur le niveau moyen de la mer ?
« L’altimétrie est historique chez CLS, plus d’une centaine de personnes œuvre sur les chaines de traitements, l’interprétation et la valorisation de cette donnée altimétrique. Le grand public n’imagine pas le travail colossal qui se cache derrière ces quelques millimètres par an de montée du niveau des océans qui en disent long sur l’état de notre planète.
Sentinel-6A va assurer une belle continuité dans le domaine de l’étude du climat avec des données affinées qu’il nous tarde de valoriser et de partager. »
Sentinel-6A est ainsi programmé pour cartographier 95% de nos océans tous les 10 jours ce qui permettra de monitorer efficacement leurs évolutions. Il entamera une mission principale de cinq ans et demi pour collecter les données les plus précises jusqu’à ce jour concernant la surface océanique et la surface glacière en réponse au changement climatique.