pollution plastique sur les plages
Applications & Services 06/04/2020

Pollution plastique, la science à la rescousse

70% du plastique que nous utilisons n’est pas recyclé. Une grande partie de ces déchets sont emportés dans nos océans, depuis les plages, ou dans les rivières par les rues. La FAO a publié un rapport en 2019 au sujet notamment de la pollution plastique. Ce rapport estime que 5 milliards de morceaux de plastique flottent actuellement dans nos mers. CLS s’est posée la question de l’optimisation de la collecte de ces plastiques polluants sur nos côtes. Comment déployer les équipes de gestion des déchets littoraux au bon endroit au bon moment ?

Nous avons rencontré Marc Lucas, océanographe à CLS qui a développé une méthode d’analyse des dérives en milieu côtier.

 

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la pollution plastique ?

morceaux de plastiques dans des mains

Éco-responsable dans l’âme et passionné par la mer, je suis choqué, comme beaucoup, de ce que nous faisons subir à nos territoires maritimes. Les pollutions plastiques sont certainement l’un des plus grands crimes environnementaux que l’on puisse recenser aujourd’hui. Cette pollution pernicieuse fait autant de dégât à l’échelle macroscopique que microscopique.

En effet, elle attaque la biodiversité marine à plusieurs niveaux. On a tous en tête ces images terribles de tortues dont la croissance ceinturée par des cerclages plastiques de bière ont vu leur corps évoluer en forme de huit. Nous sommes tous au fait que ces mêmes spécimens confondent les sacs plastiques dérivants avec des méduses avec pour conséquence le dénombrement d’une grande quantité de tortues décédées par perforation de leur estomac.

tortue cerclée par du plastique

Pour chaque espèce, les biologistes marins peuvent témoigner de ce genre de dégât. D’un point de vue microscopique, aujourd’hui les micro et nano-plastiques s’infiltrent jusque dans la composition sanguine des poissons, mammifères marins, coquillages et crustacés. Un fait qui aura forcément des conséquences sur la chaîne alimentaire globale jusqu’à toucher l’Homme !

A CLS, l’ensemble des salariés œuvre, au quotidien, pour faire de notre planète une Terre durable. Expert en « data Terre », nous détenons une partie de la solution. La thématique de la pollution plastique est un thème récurrent et cher à notre entreprise. Nous sommes plusieurs équipes à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires et nos clients. Nous tentons ensemble de trouver des solutions au fléau de la pollution plastique en mers.

 

Quelles avancées avez-vous pu obtenir en matière de gestion des déchets plastiques ?

L’idée ici était de travailler sur le plastique en milieu côtier. En effet, la collecte en haute mer est très compliquée et très coûteuse.

pollution plastique du littoral

L’hypothèse de départ était donc d’accompagner les collectivités littorales dans l’optimisation de la collecte de leurs déchets, avant que ceux-ci ne finissent au cœur des océans. Pour cela nous avons cherché à prévoir les lieux de concentration des pollutions plastiques proches de la côte.

Pour vous donner une métaphore domestique que nous utilisons régulièrement, prenez l’exemple des poussières dans une chambre. Dans tous les foyers, les moutons finissent toujours sous les lits ! Poussés par les allées et venues des habitants, les poussières qui ne sont pas ramassées finissent toujours au même endroit. Pour les plastiques, il en est de même. D’où qu’ils proviennent, en fonction des conditions météo-océaniques, nous pouvons prévoir leur localisation d’échouage ou de concentration.

 

Concrètement qu’avez-vous développé et qu’avez-vous testé ?

pollution plastique en mer
Pollution plastique photographiée par la journaliste Caroline Power et diffusée par le journal The Telegraph en octobre 2017

Notre travail a débuté autour d’un scandale environnemental. Le 16 octobre 2017, une photographe hondurienne, Caroline Power, a publié dans le journal britannique The Telegraph des photos d’une quantité astronomique de débris situés entre l’île de Roatan au large de la Colombie. Il s’agissait principalement de débris légers, tels que des sacs en plastique, des bouteilles, du polystyrène ou encore des cuillères en plastique.

Nous avons tenté de voir si ce phénomène aurait pu être anticipé et donc géré en amont pour en limiter les impacts. Notre objectif était de diagnostiquer et de caractériser les accumulations de plastiques.

Nous avons ainsi utilisé les données de modèles météorologiques et de modèles océaniques, que l’on connait très bien. CLS travaille sur ce type de données depuis plus de 30 ans. Nous avons ensuite adapté notre modèle de dérive, MOBIDRIFT, au plastique en prenant en compte différents paramètres comme le rapport de séparation des plastiques, les vents, les courants, etc.

Résultat : un modèle d’analyse capable de prévoir les zones d’accumulation de plastiques sur le littoral. Nous sommes très satisfaits des résultats qui reflètent la réalité passée. Naturellement, l’étude d’événements similaires, dans des régions ayant des caractéristiques de circulation différentes, aiderait à confirmer l’utilité de l’approche utilisée. Mais cela nécessite des observations précises qui font souvent défaut.

Nous envisageons d’utiliser d’autres modèles numériques qui dans un avenir proche serait d’un grand intérêt, notamment pour étudier l’impact des résolutions plus élevées.

 

Identification des zones d’accumulation de plastique dans les mers côtières : L’étude de cas de l’île de Roatan

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