L’édition 2020 de la journée mondiale de la santé organisée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) rend cette année hommage au travail des sages-femmes et du personnel infirmier. Un travail remarquable dans un contexte sans précédent ! Comment le spatial peut-il contribuer à améliorer la santé publique ? Comment peut-il soutenir les personnels de santé en première ligne ? Plusieurs réponses simples : leur donner plus de moyens financiers et techniques mais aussi rompre leur isolement en apportant une connectivité mondiale et stratégique dans la gestion du risque épidémiologique.
Nous avons rencontré Yoani MATSAKIS, Président de Telemedicine Technologies qui nous éclaire sur l’utilité du spatial en termes de santé publique.
COVID-19, EBOLA, depuis l’espace un même combat !
En Afrique dans le cadre d’un projet prénommé TTSat, CLS, aux côtés de l’entreprise Telemedicine Technologies, a développé un système innovant de connectivité et de suivi étroit des risques épidémiologiques pour le compte des autorités sanitaires en Afrique de l’Ouest piloté par l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population). Ce projet labelisé ARTES est soutenu par le CNES et l’ESA. Yoani MATSAKIS, Président de Telemedicine Technologies, a accepté de répondre à nos questions.
Un suivi du risque épidémiologique en Côte d’Ivoire, pourquoi ?
Bien avant le COVID-19, entre 2014 et 2019, un virus mortel sévissait en Afrique de l’Ouest, on parle alors du virus Ebola. Cette maladie, découverte en 1976, a provoqué, sur le continent africain, ses plus grands dégâts ces dernières années, et la Côte d’Ivoire n’a pas été épargnée.
Afin d’endiguer la propagation du virus et apporter les moyens nécessaires aux centres hospitaliers, l’Institut National d’Hygiène Publique de Côte d’Ivoire avait besoin de retours terrains sur l’évolution de la maladie. Dans un pays où les infrastructures télécom sont inégales et où les zones blanches sont légions, comment être connecté avec les centres de soins de taille modeste, isolés et pourvus de peu de moyens ? Comment, dans ce contexte, surveiller l’avancée de la pandémie et en détecter les signes précurseurs ? La solution est venue du ciel ou plutôt de l’espace.
Comment digitaliser un système de santé à l’échelle d’un pays « déconnecté » ?
Toutes les équipes de Telemedicine Technologies travaillent au quotidien sur des systèmes d’informations partagées pour les professionnels de santé. Nous sommes leader en France, spécialisé dans la recherche clinique et épidémiologique. Nous travaillons avec de grands organismes comme l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) depuis 2003, l’INSERM ou encore l’Industrie pharmaceutique (PFIZER, SERVIER ou encore Pierre Fabre).
Notre mission quotidienne : déployer pour les organismes de recherche et organismes de santé publique et privé, notre plateforme internet sécurisée CleanWEB dédiée à la gestion électronique d’études cliniques nationales ou internationales.
Dans le cadre du COVID-19, notre plateforme est aussi bien utilisée par l’AP-HP qui conduit plusieurs essais cliniques, que par l’INSERM en charge de l’étude européenne DISCOVERY sur une population de 3 200 patients et qui a pour objectif de mesurer l’efficacité de 4 traitements différents, dont la chloroquine. Grâce à notre plateforme c’est toute la chaîne de soin et de recherche qui est impliquée en disposant d’un système collaboratif centralisé unique de partage de données.
En Afrique de l’Ouest, sur cette base, nous avons développé la solution TTsat-CleanWEB en partenariat avec CLS. Cette solution a été conçue pour la surveillance épidémiologique, l’alerte et la riposte dans les pays en développement. Ainsi plus de 82 centres hospitaliers isolés ou non connectés, ont été équipés avec notre plateforme (installée sur des tablettes ou des ordinateurs) connectée via CLS à des balises satellitaires apportant une connectivité spatiale, temps réel. Ce système est robuste, automne et ne nécessite aucune maintenance ! Nous sommes d’ailleurs en train de travailler sur une nouvelle alimentation par panneau solaire. Les données sont saisies par le personnel soignant sur l’interface de la plateforme puis transmise via satellite au centre de traitement de CLS opérationnelle H24/365jours/an puis diffusées aux utilisateurs de la plateforme.
Quelles données sont récoltées ?
Cette plateforme TTSat-CleanWEB collecte en continu de nombreuses données géo-référencées comme les maladies à déclaration obligatoire identifiées par l’OMS (méningite, fièvre jaune, fièvre hémorragique virale, rougeole, choléra et autres diarrhées, grippe ou infection respiratoire, dracunculose / ver de Guinée, tétanos néonatal, paralysie flasque aiguë, décès maternel, manifestations post-vaccinales indésirables). Ces maladies épidémiques sont surveillées, renseignées et suivies de près par les autorités d’hygiène et de santé locales. Ainsi c’est l’ensemble de la chaîne de santé publique locale qui peut accéder aux données, des soignants locaux aux autorités nationales en passant par les relais régionaux.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Dans le cadre du COVID-19, l’Europe envisage d’adapter la plateforme en développant de nouveaux formulaires liés à ce virus. Les développements sont à l’étude et la solution pourrait être déployée prochainement en Côte d’Ivoire, avant une extension potentielle à tous les pays d’Afrique le souhaitant.
Les solutions spatiales permettent aussi d’être informé et en capacité de dépenser moins en logistique et plus dans les programmes d’aide médicale !
A une échelle plus globale, CLS a déployé des solutions de soutien aux organismes nationaux, non gouvernementaux ou pluri-étatiques missionnés pour apporter de l’aide médicale aux plus démunis ou plus isolés.
Son but : aider les organismes à dépenser moins en logistique et plus dans les programmes médicaux ! Ainsi ce sont plus de 12 000 véhicules humanitaires qui sont équipés pour le compte d’agences d’aide et de secours.
Localiser les équipes d’aide médicale en transit, les camions d’acheminement de médicaments, surveiller le bon respect de la chaîne du froid des solutions curatives, offrir aux équipes logistiques des systèmes d’alertes ou de pilotage des flux logistique ! CLS connecte les flottes de véhicules et propose une plateforme 4.0 capable de piloter à distance ses flux, d’augmenter la sécurité des biens et des personnes.