Hier, le navigateur Kevin Escoffier voyait son navire se briser en deux à plusieurs centaines de milles du Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud). Seul au milieu de l’océan glacial, affrontant les 40èmes rugissants, le skipper a déclenché sa balise satellite de détresse COSPAS-SARSAT point de départ d’une chaine de secours à qui il doit la vie. Retour sur une nuit héroïque.
A partir du moment où Kevin Escoffier voit son bateau prendre l’eau, tout va très vite, il ne se passera que 4 minutes entre l’entrée de l’eau dans son navire de course et son embarquement sur son radeau de survie.
Le skipper de PRB n’aura eu le temps que :
- D’enfiler sa combinaison TPS, une combinaison le préservant de l’hypothermie en cas d’immersion dans l’eau froide, elle remplace également le gilet de sauvetage puisqu’elle assure la flottaison et le retournement sur le dos du naufragé,
- De déclencher l’une de ses balises de détresse COSPAS-SARSAT avant de monter à bord de son embarcation de sauvetage.
Un déclenchement stratégique qui a permis aux équipes sur terre de se mettre en ordre de marche pour lancer les secours et organiser le sauvetage pleinement réussi du skipper chevronné.
Créé pendant la guerre froide, par la France, le Canada, les États-Unis et l’URSS, le Programme Cospas-Sarsat développe et opère un système de détection, de localisation et de transmission par satellites d’alertes de détresse pour la recherche et le sauvetage (Search and Rescue, SAR).
Cospas-Sarsat fournit à la communauté internationale des données de localisation précises et fiables, pour assister les opérations de recherches et de sauvetage, en utilisant des instruments spatiaux et des installations au sol pour détecter et localiser les signaux des balises de détresse. L’organisation internationale est présidée par le France depuis juillet 2020.
Depuis 1982, le système Cospas-Sarsat a permis de sauver plus de 50 000 personnes dans plus de 15 000 situations de détresse. En 2019, 2 774 personnes ont été sauvées dans le monde grâce aux système COSPAS-SARSAT au cours de 1 032 opérations SAR.
Cet évènement permet de souligner l’apport remarquable du nouveau système MEOSAR de Cospas-Sarsat. Le MEOSAR utilise des satellites en orbite moyenne des constellations Galileo, GPS, Glonass. Le service SAR Galileo porté par la Commission Européenne y contribue très significativement.
Les signaux de détresse émis par la balise française du navigateur ont été transmis par le centre de contrôle français de la mission Cospas-Sarsat (FMCC) au CROSS Gris-Nez, centre de coordination et de sauvetage qui assure le rôle de point de contact maritime international, en charge du suivi du Vendée Globe.
Le FMCC est un centre opérationnel sous responsabilité de la Direction des Affaires Maritimes (DAM) et de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Le CNES est l’organisme représentant la France auprès de Cospas-Sarsat par délégation du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il fournit les moyens français du Programme Cospas-Sarsat, en assure le maintien en condition opérationnelle et le développement. Le CNES assure également le rôle de SGDSP (SAR Galileo Data Service Provider) et est en charge du nouveau service Galileo de voie retour vers les balises Cospas-Sarsat (RLS : Return Link Service).
CLS opère, pour le compte de la DAM et de la DGAC, l’exploitation des données opérationnelles traitées par le FMCC.
C’est à 13h48 UTC que les satellites détectent le signal de détresse émis par la balise de Kevin Escoffier, dont le navire venait de sombrer à grande vitesse. A 13h51 UTC, soit 3 minutes plus tard, le signal de la balise est reçu par l’opérateur CLS en poste au FMCC, après avoir été acheminé par la constellation des satellites MEOSAR de Cospas-Sarsat.
Il aura fallu onze heures d’attente pour que cet évènement connaisse un heureux dénouement : Kevin Escoffier est enfin récupéré par Jean Le Cam. Le « roi » Le Cam, comme il est surnommé dans le milieu, est alors couronné par son acte héroïque cette nuit-là.
Jean Le Cam dans un Tweet commente : « Un énorme soulagement ! Kévin est bien à bord de Hubert sain et sauf », un message libérateur.
Un énorme soulagement ! Kévin est bien à bord de Hubert sain et sauf. A lire le récit ⤵️ https://t.co/xWiNkLBihy
— Jean Le Cam (@JeanLecam) December 1, 2020
Bravo à tous ceux qui ont participé à ce sauvetage hors norme !
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